L’Intime Parallèle
Je ferme les yeux : le soleil brille toujours.
Un moment, je pense qu’après tout, je pourrais bien perdre la vue, qu’il me reste la lumière si je garde mes paupières.
L’été monte lentement le long de l’herbe et vient me chatouiller le cou, la paume des mains, le creux des genoux. Les étés sont faciles, à quinze ans; j’en ai déjà vécu quelques uns. Des moments ainsi, hors la vie, et quand on me parle du temps suspendu, je dis : oui. Cette sensation d’être ainsi accroché entre ciel et terre, suspendu, je disais : oui. Un avion, suspendu à même hauteur, et qui met quinze minutes pour traverser mes ciels intérieurs, pendant qu’une tourterelle roucoule - ou quoi d’autre que fasse une tourterelle - une vache qui meugle… et puis le passage soudain - la chute - vers les sapins sauvages, et, sous les sapins, la terre, acide, épineuse.
Et je m’éveille en sursaut, toujours en plein soleil, en ayant pleine conscience d’avoir vécu le début d’un rêve.
Un moment, je pense qu’après tout, je pourrais bien perdre la vue, qu’il me reste la lumière si je garde mes paupières.
L’été monte lentement le long de l’herbe et vient me chatouiller le cou, la paume des mains, le creux des genoux. Les étés sont faciles, à quinze ans; j’en ai déjà vécu quelques uns. Des moments ainsi, hors la vie, et quand on me parle du temps suspendu, je dis : oui. Cette sensation d’être ainsi accroché entre ciel et terre, suspendu, je disais : oui. Un avion, suspendu à même hauteur, et qui met quinze minutes pour traverser mes ciels intérieurs, pendant qu’une tourterelle roucoule - ou quoi d’autre que fasse une tourterelle - une vache qui meugle… et puis le passage soudain - la chute - vers les sapins sauvages, et, sous les sapins, la terre, acide, épineuse.
Et je m’éveille en sursaut, toujours en plein soleil, en ayant pleine conscience d’avoir vécu le début d’un rêve.